Les oscillateurs (3/3)
3 Les variantes de l’oscillateur
Depuis l’arrivée de l’informatique dans les années 1970, les techniciens ont fait preuve d’une imagination débordante pour créer et développer des oscillateurs. Les plus populaires restent néanmoins le MACD, le NCO, le RSI ou les Stochastiques. Ces indicateurs se singularisent surtout par la façon dont ils mesurent la vitesse et l’accélération du marché, car la méthode de lecture reste sensiblement la même d’un oscillateur à l’autre. Je tiens également à préciser que toutes choses égales par ailleurs, ces indicateurs sont en phase et sont donc parfaitement corrélés entre eux. Les empiler les uns sur les autres n’est donc pas d’une grande utilité.
3.1 L’oscillateur MACD
Certains chartistes utilisent conjointement deux oscillateurs de période différente, comme on le fait avec les moyennes mobiles. Un signal d’achat est obtenu quand l’oscillateur de court terme passe au-dessus de l’oscillateur de long terme, et inversement pour un signal de vente. D’autres préfèrent calculer une moyenne mobile de l’oscillateur et s’intéresser aux croisements entre les deux courbes.
Mis au point par l’Américain Gerald Appel, le Moving Average Convergence Divergence (MACD) utilise ce dernier procédé et se construit en deux étapes ; la première consiste à calculer l’écart absolu entre deux moyennes mobiles exponentielles, l’une à 13 périodes et l’autre à 26. Ensuite, et afin de mieux percevoir les situations où l’oscillateur se retourne, on lui ajoute une moyenne mobile à 9 jours. Le croisement des deux courbes donne un signal d’intervention selon le schéma classique qui sera également renforcé par le phénomène des divergences : le signal de vente étant d’autant plus fiable que l’intersection a lieu après avoir formé une divergence baissière. Inversement, le signal d’achat sera d’autant plus fiable que l’intersection aura lieu après avoir formé une divergence haussière.
Figure 3.15 – BEL20
Au premier semestre 2007, la divergence baissière entre le BEL20 et son MACD fragilise la configuration technique de l’indice belge. En 2008, la convergence baissière entre les deux courbes n’incite pas encore à des prises de position acheteuses ; l’indice perdra encore 25% de sa valeur avant d’amorcer une nouvelle tendance haussière.
3.2 Le Net Change Oscillator
Le Net Change Oscillator (NCO), appelé également Momentum ou Rate of Change, a été le premier indicateur technique utilisé par les chartistes. Il permet de mesurer dans un laps de temps donné, la distance parcourue par les prix. Autrement dit, il indique la vitesse moyenne du marché et se calcule comme la différence, absolue ou relative, entre le dernier cours de clôture connu et celui coté n périodes auparavant.
Sous un autre angle, la variation d’une moyenne mobile simple dépend de la différence entre la clôture la plus récente et la clôture la plus ancienne sur la période retenue. Cette différence est précisément ce que mesure le Net Change Oscillator.
Dans le cas d’un Net Change Oscillator à 12 jours (le paramètre habituellement retenu par les analystes), si le prix coté aujourd’hui est supérieur à celui coté il y a 12 jours, la valeur de l’oscillateur sera positive et se situera au-dessus de l’axe du zéro. Inversement, si le prix coté aujourd’hui est inférieur à celui coté il y a 12 jours, la valeur de l’oscillateur sera négative et se situera au-dessous de l’axe du zéro. Quand le Momentum à 12 jours croise la ligne du zéro, cela veut dire que le dernier cours est identique à celui d’il y a 12 jours et donc que la progression des prix sur ce laps de temps a été nulle.
L’utilisation du NCO est identique à celle de l’oscillateur construit à partir de moyennes mobiles. Un franchissement de la ligne du zéro vers le haut traduit une accélération de la hausse des prix ; on dit alors que le marché gagne du momentum, tandis que si le NCO se met à baisser tout en demeurant positif, on dit que le marché perd du momentum. A l’opposé, un franchissement de la ligne du zéro de haut en bas est le signe d’une accélération de la dynamique baissière des prix, puis quand l’oscillateur atteint un point bas et commence à se redresser, l’analyste y détectera un signe de ralentissement du mouvement.
En plus des signaux donnés par l’intersection du NCO avec la ligne du zéro, l’analyste peut calculer des seuils de surachat ou de survente, et repérer des divergences techniques.
Figure 3.16 – USD/YEN
Dans les phases de consolidation, les oscillations du NCO sont généralement très faibles. La rupture d’une résistance ou d’un support sur les prix sera alors d’autant plus fiable qu’elle s’accompagnera d’une augmentation de momentum. Dans l’exemple du dollar/yen ci-dessous, on voit que les fluctuations de l’oscillateur s’amortissent autour de la ligne du zéro entre le mois de mars et le mois de septembre 2000, ce qui correspond à une période de consolidation du dollar. Quand la devise américaine franchit sa résistance baissière début novembre avec un grand corps blanc, on constate également que le NCO gagne du momentum.
3.3 Le RSI
Autre ratio de tension du marché, le Relative Strength Index (RSI) offre la particularité d’être un oscillateur borné qui évolue sur une échelle de référence fixe comprise entre 0 et 100. Développé en 1978 par J.W.Wilder dans son livre New Concept in Technical Trading, il permet selon son auteur de situer facilement l’état de tension du marché, et constituerait un bon indicateur de surachat ou survente. Pour arriver à borner le RSI, J.W. Wilder s’est basé sur la comparaison entre la somme des clôtures en hausse (∑∆ P +) et la somme des clôtures en baisse (∑∆ P -), toutes les deux calculées sur 14 périodes, selon le ratio suivant :
A partir de cette formule de base, il est possible d’apporter des modifications en pondérant le RSI ou en le lissant avec une moyenne mobile. Quelle que soit la variante utilisée, il est évident que quand le marché enregistre 14 jours de hausse, le RSI quotidien ne peut pas dépasser le seuil de 100. A l’opposé, si le marché enregistre 14 baisses consécutives, le RSI ne pourra pas tomber au-dessous de zéro.
Selon J.W. Wilder, le fait de borner un oscillateur permet de mettre plus facilement en évidence les situations survendues ou surachetées du marché. C’est ainsi que toute évolution du RSI au-dessus du niveau des 70, ou en dessous du seuil des 30, indique que le marché est respectivement suracheté ou survendu. Lorsque le RSI entre en zone de surachat, cela ne constitue toutefois pas un signal de vente, mais seulement une situation favorable à des prises de bénéfice. Le signal de vente n’est
donné que lorsque le RSI traverse de haut en bas la ligne des 70. Inversement, des prises de position à l’achat pourront être initiées lorsque le RSI traverse de bas en haut la ligne des 30. Outre les signaux donnés par ces deux niveaux de 30 et 70, l’analyste peut rechercher et détecter des divergences techniques.
Pour ma part, j’estime que borner un indicateur technique n’est pas forcément un avantage dans la mesure où les bandes de surachat et de survente évoluent en fonction de la tendance du marché et de sa volatilité comme je l’ai indiqué au début de ce chapitre. Borner un indicateur, c’est donc surtout se priver d’un certain nombre d’informations utiles !
Figure 3.17 – VIVENDI
L’intérêt du RSI se trouve surtout dans les divergences techniques. Celles-ci seront d’autant plus significatives qu’elles apparaîtront dans une zone de surachat ou de survente. En mars 2000, la divergence baissière entre le RSI et les cours de Vivendi témoigne d’un essoufflement de la forte dynamique haussière qui avait permis au titre de gagner plus de 130% en moins de cinq mois.
Pour bien utiliser les oscillateurs, il convient toutefois de ne pas y rechercher des signaux d’achat ou de vente, ni de leur attribuer le pouvoir de prédire ce que les prix vont faire. Non, il faut juste les utiliser comme un excellent moyen de détecter des signes d’accélération ou de ralentisse- ment dans la tendance, qui laisseraient présager que cette dernière va se poursuivre ou bien qu’elle arrive en bout de course. Cela étant, il y a un inconvénient majeur à tous ces outils qui tient au fait qu’ils ne prennent pas en compte la variable fondamentale de l’analyse technique, à savoir les volumes de transactions.
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