SP500 : « Sell in may and go away » ?

Alors que depuis le point bas d’octobre 2022, l’indice SP500 a enregistré une performance de 25%, il convient de s’interroger sur la continuité du mouvement haussier, d’autant que la performance sur les trois premiers mois de l’année apparaît anormalement élevée par rapport à la moyenne de ces 50 dernières années, et que le marché entre dans une saisonnalité moins favorable.


Les anomalies calendaires existent-elles ?

Souvent évoquée, la saisonnalité des marchés financiers est un phénomène qui n’est pas sans influer sur les comportements des investisseurs. Car contrairement à la célèbre citation humoristique de Mark Twain, il existe des mois favorables pour investir en Bourse, comme il en existe des plus défavorables. Si septembre est un mois particulièrement dangereux, tous les autres mois ne sont pas logés à la même enseigne.

C’est ce qu’indique notre analyse de la performance mensuelle du SP500 (dividendes réinvestis) menée de 1970 à 2023, et dont nous avons tiré le tableau des rendements réalisés pour chacun des 12 mois (Cf. chart ci-après).

On y constate que le meilleur mois pour investir en actions américaines est le mois de novembre. Il a été positif dans 75% des cas et son rendement moyen est de 2%, plus de deux fois supérieur à la moyenne des douze mois de l’année. A l’opposé et sans surprise, avec un rendement moyen de -0,85%, septembre apparaît comme le mois le plus défavorable.

Par ailleurs, on constate également qu’à partir du mois d’avril, le rendement moyen tend à diminuer pour atteindre un plus bas en septembre, avant de se redresser et de repartir à la hausse. C’est sur cette apparente cyclicité qu’est fondé le célèbre adage boursier « Sell in may and go away ».


« Sell in May and go away » : un mythe ?

Depuis 1970, on constate que la période qui couvre mai à septembre semble moins propice à l’achat d’actions que celle qui va d’octobre à avril, avec en moyenne, un rendement réalisé au cours de cette seconde période sensiblement supérieure à celui de la première.

C’est en tout cas l’un des enseignements que l’on peut tirer de la simulation que nous avons réalisée entre 1970 et 2023 sur l’indice SP500, dividendes réinvestis.

En effet, nous avons comparé la performance des trois stratégies suivantes :

  1. La stratégie que nous appellerons « Octobre – Avril » qui consisterait à acheter l’indice SP500 (dividendes réinvestis) fin septembre de chaque année pour le revendre fin avril de l’année suivante.
  1. La stratégie « Mai – Septembre » qui consiste à faire l’inverse, c’est-à-dire acheter fin avril et revendre fin septembre.
  1. La stratégie passive de « Buy and Hold » qui consiste à acheter l’indice SP500, dividendes réinvestis, fin décembre 1969 pour le revendre fin décembre 2023.

Afin d’obtenir une analyse plus fine qu’avec les seuls rendements, nous avons également calculer le risque de chacune des stratégies en calculant les écarts types et les ratios de risque.

Les résultats de ces calculs sont synthétisés dans le tableau suivant :

On peut en tirer plusieurs observations :

  1. La différence de rendement entre les deux premières stratégie est conséquente puisque pour la stratégie « Octobre – Avril », le taux de rendement actuariel atteint +9,21% contre +5,79% pour la stratégie « Mai – Septembre ». Mais avec un taux de rendement actuariel de +9,48%, c’est la stratégie « Buy – Hold qui arrive en tête.
  1. En tenant compte du risque, en mesurant par exemple la pertinence de ces trois stratégies à l’aune de leur ratio de risque, c’est « Octobre – Avril » qui arrive en tête, suivi de près par « Buy – Hold », « Mai – Septembre » arrivant loin derrière.

En conclusion, s’appuyer de manière systématique sur cette saisonnalité ne semble pas permettre de battre le marché, d’autant que nous n’avons pas pris en compte les frais de courtage dans nos calculs.

En revanche, à l’approche du mois de mai, il peut être intéressant de regarder la configuration graphique du SP500 pour voir s’il existe des signes de baisse qui confirmeraient le proverbe.

L’analyse technique indique une risque de consolidation du SP500

Remarquons tout d’abord que l’indice a progressé jusqu’ à 5325 points, un niveau de résistance qui correspond à l’extension de 1,236% de l’amplitude de baisse de 2022.

Remarquons également qu’en données hebdomadaires, une étoile du soir s’est formé sous ce niveau.

Enfin, remarquons que la pression acheteuse s’est sensiblement réduite et qu’elle pourrait laisser la place à un retour de la pression vendeuse ce qui ramènerait le SP500 dans la zone des 5000/4900 points.

En prenant en compte la saisonnalité de l’indice, il semble judicieux, dans une optique de moyen/long terme, de revenir à l’achat seulement fin septembre. Pour notre part, nous attendrons que la pression vendeuse qui a commencé à se manifester soit totalement purgée avant de revenir à l’achat sur les actions américaines.

 

 

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