Article 21 : Le Money Flow Index

Mesurer l’équilibre des volumes (3/4)

 

 

2 Le Money Flow Index

 

Tant dans sa construction que dans son utilisation, le Money Flow Index (MFI) ressemble à s’y méprendre au Relative Strengh Index (RSI). Il y a toutefois une différence de taille, ou un détail qui fait toute la différence, c’est la prise en compte des volumes. En schématisant, on peut dire que le MFI est une version pondérée du RSI, la pondération étant bien évidemment assurée par les volumes.

La version classique utilisée habituellement fait intervenir dans le calcul le montant des capitaux échangés au cours d’une séance. Mais il existe d’autres variantes, dont celle qui consiste à ne prendre en compte que les seules variations de volumes entre deux séances, afin notamment d’éliminer le biais introduit par les capitaux échangés dont j’ai déjà eu l’occasion de parler au chapitre 4.

 

2.1 Construction et définition

 

La version que j’ai donc retenue et que je vais vous présenter ci- après consiste à calculer sur une fenêtre mobile, une pression acheteuse et une pression vendeuse. La première est constituée par la somme des volumes haussiers accumulée sur cette fenêtre mobile, tandis que la seconde est représentée par la somme des volumes baissiers sur cette même période. Chaque grandeur étant ensuite exprimée en pourcentage de la variation totale des volumes échangés sur la période choisie, de sorte que les deux quantités mesurées évoluent en sens inverse sur une échelle de référence fixe comprise entre 0 et 100% : quand la pression acheteuse progresse de 60% jusqu’à 90%, la pression vendeuse passe de 40% à 10%.

 

 

Quelle durée choisir pour établir le Money Flow Index ? Le nombre de périodes utilisées est habituellement de 14, par référence au RSI, mais rien n’interdit d’utiliser une fenêtre mobile de période différente, en se rappelant que plus cette dernière est importante, plus la sensibilité et l’amplitude des variations du MFI sont faibles. Afin de résister au biais de confirmation, c’est-à-dire à la tentation d’obtenir des informations qui confirment son opinion, je préconise également de conserver systématiquement la même valeur du paramètre.

 

 

Figure 6.14 – Volumes haussiers et volumes baissiers

 

Bien que le Money Flow Index soit traditionnellement représenté par une seule courbe, il n’est pas inutile de le représenter par deux courbes, ne serait-ce que dans un souci d’optimisation de sa lecture. Par construction,  les  deux courbes évoluent en sens contraire : lorsque la pression acheteuse monte à 90%, la pression vendeuse tombe à 10% et inversement. Les croisements entre les deux courbes ont lieu au niveau de la zone de neutralité située à 50%. Si la pression vendeuse tombe au-dessous de la pression acheteuse, le rapport de force est alors favorable aux acheteurs, et inversement.

 

Source : Jérôme Boumengel

 

 

2.2 Interprétation et utilisation

 

Pour être considéré comme durable, un mouvement de hausse des prix devra s’accompagner d’une augmentation de la pression acheteuse. Une telle configuration signifie que la dynamique haussière des prix est solide, car soutenue par une augmentation de la demande. De même, une baisse des prix qui s’accompagne d’une augmentation de la pression vendeuse traduira une augmentation de l’offre, ce qui permet de considérer la tendance baissière sur les prix comme solide et pérenne. A contrario, tout mouvement de hausse des prix qui s’accompagnerait d’une diminution de la pression acheteuse alertera le technicien sur la fragilité du mouvement, et sur la probabilité que celui-ci arrive à son terme.

Le rapport entre la pression acheteuse et la pression vendeuse peut se mesurer en effectuant la différence entre ces deux grandeurs. On obtient ainsi le Money Flow Index à proprement parler, qui évolue égale- ment sur une échelle de référence fixe comprise entre 0 et 100%. Parce qu’il est construit à partir des volumes de transactions, cet indicateur donne véritablement un sens au concept de marché suracheté ou survendu : une valeur de 100% indique que sur la période retenue, la totalité des volumes échangés étaient des volumes haussiers. A l’opposé, une valeur de 0% signifie que la totalité des volumes échangés sur la période étaient des volumes baissiers. Au milieu, une valeur de 50% indique qu’il y a eu autant de volumes haussiers échangés que de volumes baissiers.

 

 

Figure 6.15 – Surachat et survente sur le MFI

 

Toute évolution du Money Flow Index au-dessus du niveau de 70 ou au-dessous du seuil de 30 indique que le marché est respectivement suracheté ou survendu. Dans le premier cas, il convient de ne plus acheter, tandis que dans le second cas, il faut considérer que ce n’est pas le bon timing pour vendre. La prise en compte du MFI sur le contrat à terme du blé montre qu’au mois de février 2008, il était judicieux de ne pas vendre ses positions dans la mesure où le Money Flow Index indiquait une situation survendue ; l’information communiquée par cet indicateur permettait de profiter d’une poursuite de la hausse du blé de l’ordre de 25%. Ce n’est que quelques semaines plus tard que le MFI indique une situation de surachat.

 

 

 

Figure 6.16 – Divergence baissière sur le MFI

 

Outre l’observation des zones de surachat et de survente, il est également judicieux et particulièrement rentable de repérer des divergences entre la courbe du Money Flow Index et celle des prix. Dans l’exemple ci-contre, Bristol-Myers évolue depuis l’été 2006 à l’intérieur d’un canal ascendant. Le fait qu’à partir de juin 2007, le titre n’arrive plus à remonter sur la borne haute de son canal constitue un premier indice de faiblesse de la dynamique  haussière.  La  formation d’une divergence baissière sur le Money Flow Index témoigne d’un essoufflement de la pression acheteuse et d’une montée en puissance des forces de vente : le chartiste en déduira que la probabilité d’une sortie par le bas du canal est sensiblement plus importante que de voir les prix continuer à progresser au sein du canal.

 

 

 

Figure 6.17 – Divergence haussière sur le MFI

 

Dans le cas d’IBM, le Money Flow Index a commencé à se redresser à partir du mois d’août 2002 alors que les prix continuaient à chuter. Cette configuration en divergence haussière (les prix baissent, mais l’indicateur monte) traduit l’épuisement de la pression vendeuse et le retour d’un intérêt acheteur. Quelqu’un qui aurait accumulé des positions au mois de juillet en constatant le caractère sur- vendu du Money Flow Index pourra se rattraper et les renforcer lors de l’apparition de la divergence haussière. Cette configuration technique donne davantage de poids au rebond du titre sur son bas de canal. Par la suite, le redressement du MFI renforce la crédibilité d’un retournement de la tendance baissière lorsque les prix sortent par le haut du canal descendant.

 

 

 

Figure 6.18 – Sérieux risque de baisse sur Le Dow Jones !

 

Voici ce que j’écrivais sur le site www.tendance.com au mois d’août 2001 : « Fin 1994, l’indice Dow Jones s’échappait d’une figure de consolidation pour suivre une dynamique haussière jusqu’au début 2000, soit sur une durée de cinq ans. Depuis cette date, l’indice corrige dans un canal modérément baissier. Je ne pense pas que cette cor- rection soit une banale consolidation. Bien au contraire, ce mouvement devrait se poursuivre et même s’accélérer dans la mesure où pour la première fois depuis 1990, la pression vendeuse est devenue, en base mensuelle, supérieure à la pression acheteuse. J’envisage qu’une vague de baisse puisse alors ramener l’indice à 8800 points, un niveau qui correspond au retracement de 24% de l’impulsion haussière réalisée entre 1995 et 2000. Par la suite, si ce niveau devait être en- foncé, il faudrait envisager le ratio de retracement suivant (38,2%) et un nouvel objectif de baisse à 7500 points. La fin du bear market pourrait ainsi intervenir fin 2002 : trois années de baisse pour cinq années de hausse, soit un ratio temps de 62% ».

 

 

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